Il existe peu de choses aussi personnelles que l’éducation de nos enfants. Par exemple; comment devrions nous réagir face à la crise de notre enfant? Pour ou contre la correction physique? À quel âge peut-on laisser l’enfant seul à la maison? Autant de questions pertinentes auxquelles les parents seront confrontés un jour ou l’autre. N’en déplaise aux gourous de l’éducation, il n’existe pas de réponse unique à de telles interrogations. Chaque parent doit y répondre et plusieurs facteurs peuvent influencer cette réflexion.
L’influence de l’histoire personnelle sur le style parental
Devenir parent amène, par un jeu de miroir, à réfléchir sur l’éducation que nous avons reçue. Dépendamment qu’il ait eu une expérience plus ou moins positive, le parent aura tendance à vouloir répéter ou rejeter le modèle parental qu’il a reçu. S’il a souffert de la sévérité de ses parents, il est possible que le parent éprouve de la difficulté à imposer des règles à la maison ou à voir l’enfant y réagir. À l’inverse, si les souvenirs qu’il a de son enfance sont idylliques, il se peut qu’il soit tenté de reproduire le modèle qu’il a reçu de ses parents. Ceci est vrai pour chacun des partenaires. Si le modèle des deux parents est similaire, l’accordage entre leurs styles sera plus aisé, mais nécessitera tout de même des ajustements. Aussi, plus les parents ont des visions différentes de l’éducation, plus le couple aura à négocier et à être créatif pour trouver un équilibre entre eux. Les difficultés sont encore plus grandes lorsque l’un des deux conjoint provient d’une famille considérée comme étant une « bonne » famille et est comparée à celle de l’autre conjoint qui est associé à une « mauvaise » famille. Le parent issu de la » bonne » famille pourrait avoir tendance à valoriser son propre style parental au détriment de l’autre.
Par exemple; la mère de Toto vient d’une famille sévère, mais très chaleureuse. Enfant, elle a aimé cette sévérité qu’elle trouvait rassurante. Le père de Toto vient aussi d’une famille sévère, mais il s’y est senti étouffé. Il a eu l’impression qu’on le contrôlait et qu’on ne lui faisait pas confiance. Les deux parents on eu plusieurs conflits, Madame trouvant Monsieur trop mou et Monsieur trouvant Madame trop sévère. Toto en a profité en manipulant l’un et l’autre.
Le défi à cette étape est de relativiser le modèle vécu dans la famille d’origine. Les parents ont fait du mieux qu’ils ont pu avec leurs forces et leurs faiblesses. Et s’il n’existe pas de parents parfaits, il n’existe pas non plus de parents totalement mauvais. Il revient donc aux parents prendre une certaine distance, de garder certaines valeurs éducationnelles reçues et d’en modifier d’autres. Les parents doivent développer leur propre propre style parental à la fois similaire et different des modèles qu’ils ont reçus, mais surtout en harmonie avec les valeurs qu’ils souhaitent transmettre.
L’importance de la différenciation des rôles; chacun son approche, mais un objectif commun
Les parents n’ont pas le même rôle auprès de l’enfant. Traditionnellement, la mère est plus protectrice et le père amène plus vers l’exploration. Cette diversité des rôles permet à l’enfant d’avoir à la fois une sécurité intérieure et un désir d’exploration du monde. Les rôles ne sont plus aussi stéréotypés aujourd’hui qu’à une certaine époque et c’est tant mieux. Les deux parents peuvent alterner entre les deux rôles.
Si le schéma énoncé plus haut est généralement bien admis, il est parfois plus difficile d’admettre qu’il en est de même au niveau éducationnel. Papa ne peut pas devenir une deuxième maman (ou l’inverse). Non seulement il ne peut pas, mais ce n’est pas souhaitable. Les parents sont différents et doivent le rester. Cette multiplication des modèles va permettre à l’enfant de développer ses capacités adaptatives.
Ceci dit, pour que ça fonctionne les parents doivent s’entendre sur un certain nombre d’éléments. Quelles sont les règles de vie de la maison? (Routines, tâches, interdits, traditions, etc) Quelles sont les conséquences associées à un manquement? Ces grandes lignes doivent être communes et claires pour toute la famille. Ainsi l’enfant saura à quoi s’attendre.
Prenons l’exemple des devoirs. Avec maman, Toto les fait au retour de l’école, puis va jouer. Papa de son côté permet 30 minute de jeu avant de s’y mettre. Dans un cas comme dans l’autre les parents se sont entendus pour que tout soit fini avant le souper. Si Toto refuse de faire ses devoirs, il sait que ses parents mettront un mot dans son agenda à l’intention du professeur.
Dans l’exemple, la règle est de finir les devoirs avant de souper. La conséquence est claire, mais chaque parent a sa manière de procéder influencée par sa personnalité. Maman aime l’idée de tout faire le travail avant de se reposer. Papa croit qu’une pause permet de mieux se concentrer par la suite. Les deux ont raison. Lorsqu’il fera ses devoirs seul, Toto choisira la façon de faire qui sied le mieux à sa personnalité.
Il n’existe pas de recette miracle pour devenir un parent parfait. D’ailleurs, sauf dans les contes de fée, il n’existe ni parent, ni enfant parfait. Ce texte se veut une piste de réflexion et/ou de discussion pour aider les parents à trouver leurs propres réponses aux nombreux défis que pose l’éducation d’un enfant. Toutefois, si votre situation est particulière ou si, malgré vos efforts la situation avec votre enfant demeure difficile, il ne faut pas hésiter à demander le support d’un professionnel.
Marie-Pierre Girard